Saturday, February 24, 1990

L'Assaut du 19, rass.

Il faisait nuit. Il faisait froid.
Quelques chefs nous aboyaient des ordres, fiers de vomir leurs galons. La tension montait. J'avais pour projet de crever, de rejoindre mes copains fauchés par les cracheuses. Marre de ce trou à rats où l'on ne peut qu'attendre ça.
Et puis l'ordre a été gueulé. Hurlants, la meute que nous étions se lancait à l'assaut du no man's land. On courait, on tirait au hasard. Certains se sont englués dans le fil barbelé rouillé, pleurant qu'on les libère, la morsure de l'acier s'ajoutant à celle du froid.

Mes larmes de peur gelaient dans mes yeux.

Les tirs de nos fusils éclairaient la nuit comme un stroboscope asthmatique. Révélant mes compagnons comme autant d'ombres blanches sur fond de nuit. Ajoutant parfois une note de couleur gaie, du rouge, dans cet univers de blanc, de noir et de boue. Victimes de balles ... "amies". Putain.

J'ai réussi à arriver dans la tranchée d'en face. Vide. Intégralement déserte, sauf de cadavres, et de mes compagnons. Je gueulais en russe, comme les autres, de peur de me faire abattre. Le flingue à la main, le réflexe est de buter tout ce qui ne lit pas le cyrillique. Au temps pour la discrétion.

Mais qu'est-ce que c'était que ce foutoir, merde! Je rentre dans une casemate, un trou puant arraché à la boue, étayé à l'arrache. De bois pourri, de métal rouillé. Dans un coin, je le vois.

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